Une Ch’tite première pour Guillaume !

27 Oct 2015 | 9 commentaires

Une Ch’tite première !

Ironman ! Ce mot désignait pour moi un être surnaturel, capable de tout surmonter physiquement et moralement. Dès que j’en rencontrais un, je le scrutais, l’admirais. J’avais conscience que c’était pour moi un rêve d’enfant, un fantasme de sportif, un projet à accomplir !

Il y a 3 ans, après 10 ans de rugby, 10 ans de CAP et 2 ans de vélo, je me décide à pratiquer le triathlon. Je commence un entrainement individuel sans connaissance mais, heureusement, avec l’aide de M.INTERNET et M.YOUTUBE. Après 6 mois d’entrainement, j’ai perdu 10 kg et me lance sur mon premier triathlon M de Chalons en Champagne (2h16mn). Je suis sur un nuage !

Je poursuis mon expérience pendant 2 ans sur les courses de la région (Chalons ,Troyes, Lac du Der) et concrétise l’année 2014 en réalisant le triathlon M de l’Alpe d’Huez avec cette pente mythique montée 2 fois l’année précédente par les coureurs du Tour de France que je suis venu admirer.

Ca y est ! Je suis prêt ! Décembre 2014, après avoir signé un pacte de solidarité avec ma famille, je décide de me lancer dans une préparation Ironman. Y a du boulot !

Ce sera pour moi le Chtriman à Gravelines car le profil est roulant, la région est proche de la nôtre, le coût de l’inscription est le moins cher de France et en plus, cette année, le LD est le support du championnat de France (certitude d’une organisation au top !).

Heureusement, petit à petit, un groupe de triathlètes se forme sur Epernay. Avec l’aide de sportifs d’expériences, de notre entraineur natation (Daniel) et  de la bonne ambiance aux entrainements communs, j’arrive à tenir un rythme de 3 séances de natation, 3 séances de vélo, 2 séances de CAP et 2 séances de renforcement musculaire par semaine.

Le 4 juillet 2015, je débarque avec ma femme, mes 3 filles et notre caravane sur le site de l’AA. Je retire mon dossard et vais installer mon vélo dans le parc. Et là, je vois une ligne d’eau de 2.2 km de long (piste d’aviron). C’est impressionnant, je n’arrive pas à apercevoir les bouées pour le demi-tour ! Je décide de ne pas trop rester sur le site pour ne pas me mettre la pression et nous partons nous installer au camping de Gravelines.

5h00 du mat, j’ai des frissons… Non j’ai les ch’tons oui ! Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et je me demande ce que je fais en slip assis sur le bord du coffre dans mon Berlingo en train de manger mon gâteau sport. Suis-je devenu fou de vouloir faire ça? Pourquoi vouloir autant souffrir? Vais-je être à la hauteur?

5h45, je retrouve un participant belge qui m’avais proposé de me déposer au départ car je n’avais pas pensé qu’aucun taxi serait intéressé de faire 5 km un dimanche à l’aube. Arrivé sur place, je me concentre sur mon matériel. Je vérifie la pression de mes pneus, je mets mes baskets et un tee-shirt dans un sac plastique car il doit pleuvoir, j’enfile ma combinaison après avoir largement graissé les zones de frottement et je termine par la disposition de mon alimentation.

7h00, Bang ! Je me lance dans cette ligne droite qui m’avait fait tant peur la veille. Le plan d’eau est calme car très peu de vent. Je me suis placé près du bord en espérant être plus tranquille. J’ai de bonnes sensations et je reste prudent tout en contrôlant  ma progression grâce aux panneaux  tous les 200 m. Plus le temps passe et plus je me sens bien dans l’eau. Mes bras semblent avoir pris un rythme sans besoin de les commander. Je vois l’arrivée en ayant l’impression d’avoir nager ½ heure. En fait, cela fait 1h07 que je trempe et le speaker annonce «  Guillaume GIRARD, 48ème ! ». Je n’en reviens pas…

J’enlève ma combi, enfile mon maillot et enjambe mon vélo. Me voilà lancé pour 2 boucles de 90 km. Ma stratégie était de garder un maximum la position aéro tout en essayant de rouler au-dessus de 30 km/h.

Tout va bien jusqu’au 65eme kilomètre où le vent de face se lève. Je suis obligé de forcer sur mes jambes et j’ai l’impression de ne plus avancer. Heureusement la fin de la première boucle n’est plus loin. Je fonce avec le vent dans le dos lors de la première partie du deuxième tour jusqu‘au moment où l’orage éclate. Au 140ème km, je sens des cordes d’eau me frapper le dos et les avant -bras mais je ne change pas ma position et sers les dents en espérant que cela ne va pas durer.

Ouf ! 10 mn sous la douche puis le vent est tombé. Je vais pouvoir effectuer les 40 derniers kilomètres sans avoir à trop forcer sur les jambes tout en restant prudent sur la chaussée mouillée. 5h42mn pour faire 180 km, inespéré pour un cycliste avec 3 ans d’expérience.

Je crains la descente du vélo (mauvais souvenir de l’Alpe d’Huez où j’avais trop forcé sur les reins et avais eu du mal à me redresser). En fait, je constate que tout va bien. J’enfile mes baskets et un maillot sec (merci mon sac Leclerc ) et je pars pour 4 boucles de 10.5 km. Le moral est bon !

Je suis surpris par la facilité de ma course. J’arrive à maintenir les 11 km/h pendant 3 boucles. Je me mets à rêver d’un marathon en mois de 4h. La réalité me rattrape au 35 km et mes muscles me rappellent que je ne suis pas le maître. Pour eux, le temps était venu de s’arrêter. Alors, je décide d’enlever la goupille, de ne plus réfléchir ! Chaque mètre gagné en marchant où en courant sera un mètre de moins à faire. Je ne regarde plus ma montre et me concentre sur les haut-parleurs qui se rapprochent. Ma lucidité me lâche de plus en plus ainsi que quelques concurrents. Heureusement, j’aperçois au loin ma famille qui m’attend sans savoir combien de tours il me reste à faire et m’appelle pour m’encourager.

La joie m’envahit au moment où je leur annonce que c’est la fin et j’attrape alors au vol par la main mes 3 filles pour franchir la ligne d’arrivée. 11h09mn et 50ème sur 216 partants (avec le marathon en 4h11mn ). J’ai un sourire permanent pendant des heures qui n’arrive pas à me quitter. Je suis heureux de partager mon récit en famille dans un petit restaurant en bord de mer devant un repas qui me fait énormément envie mais que je suis incapable de manger car j’ai la bouche brûlée par les multiples barres et gels ingurgités pendant la course. Peu importe, je l’ai fait !

C’est une expérience incroyable où le plaisir a pris le dessus sur la souffrance. Je sais aujourd’hui qu’il faut suivre tout un processus mental et physique pour réussir cette épreuve.

Dès que j’en rencontre un, je le scrute, je l’admire mais je sais qu’il n’est pas indispensable d’être surnaturel et invincible pour être un Ironman…

 

Le ChtriGuillaume dans le parc

Le ChtriGuillaume dans le parc

 

Le ChtriGuillaume fait le beau

Le ChtriGuillaume fait le beau

 

Le ChtriGuillaume sort de l'eau

Le ChtriGuillaume sort de l’eau

 

Le ChtriGuillaume à l'arrivée

Le ChtriGuillaume à l’arrivée

9 Commentaires

  1. Bérengère Thibault

    Très très beau récit!
    Pour moi , un finisher d’Ironman est tjs un être surnaturel!!! Bravo à toi! Tu peux être fier de ce que tu as effectué!
    Bérengère.

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  2. Rodolphe Demange

    Bravo champion !!!
    Rodolphe

    Réponse
  3. Romain Lecante

    Super récit Guillaume !

    Ca donne envie de se donner à fond pour arriver à cet objectif 😉

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  4. Benoît Charpentier

    Comment on dit ?? Finisherrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr je crois.
    bravo

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  5. David Jacques

    Super récit, à la lecture de ton texte tu me donnes envie…

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  6. Charly Rouillon

    Félicitation Guillaume il va falloir que je me lance un jour. Depuis le temps que je le dis un petit cette année 2016 peut être

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  7. Thomas Debreceni

    Je viens de lire ton récit et celui de Christophe:Très beau récit, ça stress rien que de le lire mais ça donne envi de réaliser ce défi dans le futur… Encore bravo!

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  8. Anthony Vincho

    Super recit, bravo sa donne envie lol

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    • Anthony Vincho

      Super recit tu donnes envie d’être un finicher lol

      Réponse

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